Au terme d’une concertation très large voulue par le président Jean Deguerry, l’assemblée départementale a choisi le projet qui sera étudié, mis à l’enquête publique pour être ensuite réalisé d’ici 2028.
Des études techniques et l’enquête publique de 2022 concernant un projet avec trémie 2×2 voies dans le sens Bellegarde-Ferney avait mis au jour un grand nombre de contraintes techniques (affleurement de la nappe annonçant le pompage probable de 2 mio de m3 d’eau), juridiques (le projet touchait une zone de protection naturelle) et pratiques (le passage des piétons et cycles n’était pas assez pris en compte).
Ce dernier point avait conduit les usagers cyclistes (notamment) et les associations locales qui les représentent (APICY et VELORUTION) à se prononcer clairement contre le projet présenté avec l’argument que le nouveau carrefour ne réglait absolument pas le problème actuel de franchissement. Les modes doux et le vélo en particulier (avec la forte progression du nombre de VAE*) sont pourtant d’ores et déjà un moyen fiable et rapide d’accéder à Genève (pour peu que la sécurité des trajets soit assurée). Je partageais pleinement cette analyse et ai pu en discuter plusieurs fois avec Apicy notamment.
La Porte de France… un vieux serpent de mer
Selon les interlocuteurs, le projet est sur la table depuis 5, 10 et pour d’autres 20 ans. En réalité la réalisation de la porte de France est un projet lié à la prolongation (ou non) de la 2×2 voies en direction de Segny. C’est surtout ce débat qui a provoqué atermoiements, reports et ajournement des débats de fonds sur ce carrefour majeur du pays de Gex (et de toute la région). La croissance démographique n’attend pas les décisions politiques et les projections de trafic à l’horizon 2040 laissaient présager une saturation totale du carrefour.
Il fallait donc trancher avec plusieurs contraintes: proposer un projet fonctionnel et (évidemment) utile au trafic, réalisable, juridiquement solide et respectant le plus possible les obligations environnementales de plus en plus sévères. Le coût des différents scénario oscillait entre 26 et 40 mio d’euro (travaux seuls et ht).
Un large échange entre collectivités
Aucun projet gessien (et sans doute aindinois) n’a fait l’objet d’autant de discussions entre les différentes collectivités. Certes ce projet incombe au département, mais le président Deguerry a souhaité faire des points d’étapes réguliers jusqu’à la décision et au vote de l’assemblée départementale. Le bureau de Pays de Gex Agglo, tous les élus Gessiens et de Saint-Genis-Pouilly ont donc eu accès aux projets et aux décryptages techniques et juridiques. Au cours d’un vote consultatif, le conseil communautaire gessien a plébiscité le fameux « Scénario 4B ». Siègeant à Pays de Gex Agglo j’ai moi-même voté pour ce projet approuvé par 42 voix et 3 abstentions. J’ai eu plusieurs fois l’occasion de défendre les avantages que le projet 4B portait à mon sens.
Alors pourquoi le choix du 3B ?
Au bénéfice d’une note juridique complémentaire et postérieure au positionnement de Pays de Gex Agglo, l’éxécutif départemental a choisi – finalement – de présenter au vote le scénario 3B. L’argument principal que tous ceux qui ont à porter des projets structurants connaissent est le risque d’attaques au tribunal administratif. En effet, la trémie transports en commun du 4B nécessite évidemment des lourds travaux de terrassement (94’000m3) et le pompage de plus d’un million de m3 d’eau de nappe. La volonté première du département est de réaliser la Porte de France et de ne plus reporter la réalisation d’un projet qui ne peut plus l’être.
Mon vote

Le projet 4B avec la trémie TC (pouvant accueillir le BHNS et un futur tram) et mobilités actives
Conscient des enjeux juridiques et au fait de nombreux recours sur des infrastructures essentielles dans notre pays, je comprends ce choix. Néanmoins, lors de la session des 3/4 juillet j’ai pu dire que les difficultés systématiques à réaliser de telles infrastructures sont « un mal français » que nos députés devraient aborder sans attendre. J’ai aussi demandé à ce que les travaux soient réfléchis de telle façon que le 4B puisse potentiellement être réalisé. Il est relativement simple techniquement d’éviter de poser des réseaux lourds à déplacer à l’endroit où la trémie TC pourrait être creusée (le dessin global des deux projets étant identique). J’ai également souligné que le scénario 3B permet des économies. J’ai donc demandé que ces économies soient consacrées au développement des liaisons douces en direction de Prévessin-Moëns et de Crozet et que le franchissement par souterrain soit également mis en oeuvre sur le carrefour RD35A (entre Porte de France et le feu du CERN Prévessin) qui doit être réaménagé dans les années qui viennent.
Concernant le vote formel, je me suis abstenu tout comme Aurélie Charillon, Muriel Bénier et Michel Brulhart.
Sur un plan local je peux comprendre et partage la déception de certains collègues, notamment à Saint-Genis-Pouilly. La commune attend depuis des années qu’un projet se dessine. Le « 4B » avec sa trémie pour les bus ou le tram offrait l’ambition d’un grand hub régional des transports au bénéfice du Pays de Gex centre et sud. Ce projet garantissait également une fiabilité totale des transports en commun quelle que soit la charge du trafic routier (bouchons, panne, accident). Il offrait (en prime) à la commune une image résolument orientée vers la modernité des choix des parts modales.
Il faut aller de l’avant!
Le choix étant fait, il faut maintenant avancer. Le rond point de la Porte de France est un point noir régional, très accidentogène et particulièrement dangereux pour les piétons et cyclistes. Des aménagements de sécurité ont été réalisés au printemps dernier. Ils peuvent sans doutent être améliorés comme le demandent les associations cyclistes associées au travaux récents. J’ai demandé à ce qu’une expérience de réduction à une voie à l’approche du rond point en venant de Meyrin et de Prévessin soit effectuée pour voir si cette réduction provoque encore plus de bouchons… ou pas.
* Vélos à Assistance Electrique